Réagir face à la haine

L’élargissement au critère d’orientation sexuelle de la norme pénale anti-discrimination en 2020 (art. 261bis CP) est entrée en vigeur il y a plus d’un an. Ces dernières semaines, de nombreux-ses personnes ont réagi face aux injures publiées notamment par le polémiste Alain Soral et aux publications du magazine “Theologisches” édité par le Professeur Dr. Manfred Hauke. Les associations de défense des droits des personnes homosexuelles et bisexuelles, Pink Cross et LOS, encouragent tous les cantons à former les professionnel-le-s en charge de l’application du nouvel article du code pénal. 

Avec l’adoption du mariage pour toutes et tous, la Suisse fait un énorme pas en avant. Le travail pour l’égalité de traitement des personnes LGBT n’est pourtant qu’à ses prémices, car la haine et les discriminations ne sont toujours pas réfrénées. Elles ont même explosé le plafond des statistiques des 5 dernières années en septembre 2021. Cette situation a fait réagir les faîtières homosexuelles et bisexuelles suisses, Pink Cross et LOS, qui ont déposé plainte dans deux affaires.

La dénonciation pénale largement médiatisée de l’affaire du polémiste Alain Gérard Robert Guy Bonnet, qui se fait appeler Alain Soral a en effet été formellement fait vendredi passé. Le polémiste avait publié une vidéo vue plus de 30’000 fois où il tenait des propos diffamatoires et injurieux à l’égard d’une journaliste et dans laquelle il incite explicitement à la haine et la discrimination envers la communauté Queer en raison spécialement de leur orientation sexuelle. “Ce genre d’idéologies qui vise à rabaisser et à dénigrer de façon systématique les personnes queer n’a pas sa place dans l’espace publique. Les appels à la haine sont dangereux et peuvent déclencher des insécurités en particulier chez des jeunes en questionnement. Il faut que les autorités réagissent rapidement et donnent un signal clair contre la haine et les discriminations” commente Muriel Waeger, Co-directrice de la LOS et Directrice romande de Pink Cross.

D’autres cas, ont aussi demandé l’intervention de Pink Cross pour faire réagir les autorités. Un cas particulièrement affligeant d’une publication dans le magazine “Theologisches” édité par le Professeur Dr. Manfred Hauke a notamment retenu l’attention de la faîtière de défense des droits des personnes homosexuelles et bisexuelles, dont le Directeur, Roman Heggli a réagi : “La haine propagée dans cet article, qui parle “des personnes homosexuelles comme de parasites” entre d’autres ignominies, met le bien être et l’égalité de traitement de milliers de personnes en danger. Ce genre de propos sont lourds de conséquences pour les personnes touchées et leur entourage, mais aussi pour le vivre ensemble et n’ont pas lieu d’être publiés.”   

Ce qui est particulièrement choquant dans cette affaire, c'est que l’éditeur, le Prof. Dr. Manfred Hauke, est chercheur et enseigne à la Faculté de théologie de Lugano, qui est une institution accréditée (selon l'art. 75 al. 3 de la LELH) et qui essaye actuellement d’obtenir des subventions fédérales. "Je suis choqué que des professeurs-es ayant un tel état d'esprit soient autorisés-ées à enseigner dans une institution suisse reconnue. Nous attendons de la Faculté de théologie de Lugano qu'elle enquête pour savoir si les propos haineux de l’article en questions ont également été exprimés à l'égard des étudiants-es. Cette affaire doit faire l'objet d'une enquête approfondie", s'indigne Roman Heggli. 

Ces deux cas assez graves pour susciter une réaction des faîtières LOS et Pink Cross montrent selon Roman Heggli que “cet article de loi est malheureusement nécessaire et doit être implémenté correctement dans tous les cantons.“


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Communiqué de presse / 20 octobre 2021
crédits photo: © Bistum Regensburg