La culture de discrimination dans l'armée suisse pointée du doigt par une nouvelle enquête interne : les organisations LGBTQ appellent à un changement de paradigme immédiat

Les faîtières LGBTQ, regroupant le Transgender Network Switzerland (TGNS), Pink Cross et l’Organisation Suisse des Lesbiennes (LOS), exhortent l’armée à assumer ses responsabilités en impulsant un changement culturel radical et en adoptant des mesures concrètes et immédiates pour garantir la sécurité des personnes LGBTIQ+. Les résultats de l’enquête publiés aujourd'hui révèlent une réalité alarmante : la culture militaire suisse, solidement ancrée dans un modèle de milice voué à la défense nationale, promeut des valeurs patriarcales où prédomine une masculinité cisgenre, blanche et hétérosexuelle. Cette culture façonne un environnement propice à la discrimination et à la violence envers les individus qui s'en écartent: c’est à dire les femmes, les personnes trans, non binaires, gays, lesbiennes et bisexuelles.

L'enquête révèle que la discrimination y est bien plus répandue que dans la société civile, faisant de l'armée non seulement un reflet de la discrimination sociétale mais un incubateur de comportements violents et d’exclusion. En marginalisant certains de ses membres, l'institution militaire faillit dans sa mission de protection de tous les citoyen-ne-s. Ces résultats confirment que la discrimination envers les communautés LGBTIQ+ et les femmes n'est pas un fait isolé, mais trouve ses racines dans les structures mêmes de l'armée.

Comme le souligne Roman Heggli, directeur de Pink Cross : « Les jeunes hommes homosexuels, refusant de tolérer la discrimination et la violence, se voient contraints de payer la taxe d'exemption ou d’opter pour un service civil prolongé. C'est absurde ! La culture machiste de l'armée perdure, malgré la ‘tolérance zéro’ prônée par celle-ci. Il est temps d’agir. »

Anis Kaiser, responsable du plaidoyer au TGNS, souligne : « Les personnes trans et non binaires rencontrent des obstacles que les mesures actuelles peuvent difficilement résoudre. La transformation des structures militaires est impérative pour garantir la sécurité de tou-t-e-s. Les résultats de l’enquête sont suffisamment préoccupants pour interroger l'obligation du service militaire pour les personnes trans. Il est essentiel que le service civil et la protection civile leur soient effectivement accessibles, sans obligation de passer par la sélection militaire.  Enfin, le recrutement, et notamment les commissions spéciales, nécessite une refonte : les personnes trans ne devraient pas subir de questions irrelevantes concernant leur identité, et une formation adéquate des médecins militaires est cruciale pour un respect effectif des identités de chacun-e. »

Pour Muriel Waeger, co-directrice de la LOS, l'armée a également une responsabilité sociétale : « Les violences et la discrimination contre les personnes LGBTIQ+ émanent souvent d’hommes cis hétérosexuels. L'armée, en réunissant un grand nombre de jeunes hommes, devient un terreau où la tolérance des comportements discriminatoires est légitimée, ce qui a des répercussions dévastatrices pour la société. »

La publication de cette enquête est accompagnée d'un plan d'action de l’Unité « Femmes dans l'armée et Diversité » (FiAD) contre la discrimination et la violence sexuelle. Pour les  faîtières LGBTQ, ce plan constitue un premier pas indispensable, et depuis longtemps tout en insistant sur l’importance d’y intégrer des mesures spécifiques aux besoins des personnes LGBTQ+.


Communiqué de presse de Transgender Network Switzerland (TGNS), de l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS), de Pink Cross et de la LGBTIQ-Helpline.

31 octobre 2024