Attaque contre l'Ukraine : les personnes queer sont particulièrement en danger

L'attaque de Poutine contre l'Ukraine met particulièrement en danger les personnes queer de la zone de guerre. Les personnes queer ne sont toutefois pas seulement en danger dans la zone de conflit mais également lors de leur fuite qui se dirige en grande partie vers la Pologne, la Hongrie et la Roumanie. Ces dernières années, les gouvernements de ces pays ont en effet défendu et imposé une politique massivement hostile aux personnes queer, qui sont par conséquent pas encore à l’abris dans leur nouveau pays. LOS et Pink Cross demandent donc au Conseil fédéral de s'engager pour les personnes queer au niveau international et de répondre spécifiquement aux besoins des personnes queer en fuite en Suisse. Le conseiller national Angelo Barrile a déposé une interpellation en ce sens.

Des millions de personnes dans le monde sont profondément touchées, directement ou indirectement par la guerre en Ukraine et ses conséquences tragiques pour tou-te-s les Ukrainien-ne-s. Mais il ne faut pas oublier que les groupes marginalisés, tel que les personnes queer, sont encore une fois particulièrement en danger. Iels sont touchés à différents niveaux :

  • Avec l'occupation de territoires en Ukraine par les forces armées russes, il faut également partir du principe que certains groupes, dont les personnes queer, sont particulièrement ciblés. Les États-Unis l'ont déjà signalé le 20 février 2022 dans une lettre adressée à l'ONU.
  • L'État russe encourage depuis de nombreuses années la persécution des personnes queer. En raison de la radicalisation de l'appareil du pouvoir russe, la situation s'aggrave et de nombreux activistes queer doivent fuir la Russie.
  • La situation des personnes queer en Pologne, en Hongrie et en Roumanie s'est fortement détériorée ces dernières années, car leurs gouvernements mènent une politique hostile aux personnes queer qui précarise la sécurité des personnes queer en fuite dans ces pays.
  • Les enjeux ne manquent pas pour les personnes qui arrivent jusqu’en Suisse. Le système d'hébergement et de prise en charge Suisse n’est en effet pas calibré pour les besoins spécifiques des personnes queer, en particulier dans le cas des femmes, qui sont en grande majorité, celles qui arrivent jusqu’en Suisse.

Mykola a quitté l'Ukraine il y a un mois déjà pour venir en Suisse par crainte de la guerre. Il explique la situation pour les personnes queer : "En tant qu'homme gay, je pouvais vivre en sécurité et bien à Lviv avant la guerre - même si nous n'étions ni protégés ni soutenus par l'Etat. Mais j'avais mon environnement queer et j'étais accepté par mes ami-e-s. Aujourd'hui, cela a brusquement changé : Nous sommes particulièrement menacés non seulement en Ukraine même, mais aussi pendant notre fuite".

Angelo Barrile, conseiller national PS et membre du comité de Pink Cross, attend donc des réponses de la part du Conseil fédéral : "J'attends que la Suisse, avec sa tradition humanitaire, s'engage au niveau international pour les personnes queer. D'une part, les personnes queer doivent pouvoir fuir en Ukraine et en Russie, d'autre part, elles doivent être protégées en Pologne, en Hongrie et en Roumanie. De plus, j'aimerais que le Conseil fédéral m'explique comment les personnes queer en fuite sont spécifiquement soutenues en Suisse".

En plus de leur engagement politique, l'Organisation suisse des lesbiennes LOS et Pink Cross, en collaboration avec d'autres partenaires, ont lancé un "LGBTQ Emergency Fund for Ukraine". Muriel Waeger, co-directrice de la LOS, déclare : "L'émotion de la communauté est grande : plus de 100'000 francs ont déjà été donnés ! Avec ces dons, nous soutenons les organisations LGBTQ en Ukraine et en Europe de l'Est, ainsi que les personnes queer ukrainnien-ne-s qui arrivent en Suisse".

L'interpellation en allemand