Est-ce qu'on doit toujours avoir un coming out ?

Je suis heureux d'être ouvert et fier, en tant qu'homme gay et en tant qu'homme trans. Et pourtant, il y a des situations où je préfère que personne ne sache rien de mon identité de genre. J'ai le grand privilège de ne pas être considéré comme un trans...

Henry Hohmann est une personne trans militante et travaillant pour les droits des personnes trans depuis plus de 10 ans. De 2012 à 2018, il a été président et co-président du Transgender Network Switzerland. 

Je suis heureux d'être ouvert et fier, en tant qu'homme gay et en tant qu'homme trans. Et pourtant, il y a des situations où je préfère que personne ne sache rien de mon identité de genre. J'ai le grand privilège de ne pas être considéré comme un trans. Je connais suffisamment de réactions du type "Je n'aurais jamais pensé que vous étiez trans" et je ne les considère pas comme un compliment. Parce que je pense à d'autres personnes trans qui s'en aperçoivent manifestement et qui doivent donc se mettre dans des situations désagréables, voire dangereuses, tous les jours.

Je fais souvent des excursions en montagne avec mon mari dans des groupes organisés. Normalement, tous les participants reçoivent une liste de noms et d'adresses des autres afin qu'ils puissent unir leurs forces pour le voyage. Le fait que nous soyons un couple est immédiatement évident pour les autres et ne vaut jamais la peine d'être mentionné. Je suis moins détendu, cependant, lorsque j'imagine que les autres ont pu googler mon nom. Sont-ils tombés sur des articles de presse sur moi et mon engagement ? Comment vont-ils gérer ces connaissances ?

Curieusement, je n'aime pas être interrogé sur mon identité de genre pendant ces activités de loisirs. Bien que je n'aie aucune difficulté à en parler avec d'autres personnes dans un environnement militant, je veux profiter de mon intimité en ces occasions. Parce que si quelqu'un a déjà fait des recherches, je peux souvent dire, par un regard un peu plus long ou un motif furtif, qu'il cherche clairement des signes de mon passé féminin, mais il n'en parlera jamais. Et ça rend la situation gênante et inconfortable pour moi. Et oui, ça me met mal à l'aise.

Et je me demande : Est-ce que je dois toujours faire le coming out ? Suis-je toujours un militant à 100% ou parfois juste un marcheur de montagne comme tout le monde ?

L'autre jour, un participant est venu me voir à la fin de la tournée et m'a dit : "Je vous ai vu à la télévision récemment et je voulais juste vous dire que je trouve formidable que vous soyez si engagé dans votre cause". Et cela, je dois l'admettre, m'a rendu très heureux.

Texte : Henry Hohmann
Traduction : Sophie Reymond