Y a-t-il vraiment besoin d'un sexe officiel ?

En Suisse, nous avons tou-te-x-s un sexe officiel. Notre sexe doit être inscrit sur l’acte de naissance dès le début de la vie, et ce même dans les cas où la détermination du sexe est difficile (enfants intersexes). Cependant, de plus en plus de personnes se rendent compte qu’elles n’entrent pas dans les catégories standardisées « homme » et« femme »...

Henry Hohmann est une personne trans militante et travaillant pour les droits des personnes trans depuis plus de 10 ans. De 2012 à 2018, il a été président et co-président du Transgender Network Switzerland.

En Suisse, nous avons tou-te-x-s un sexe officiel. Notre sexe doit être inscrit sur l’acte de naissance dès le début de la vie, et ce même dans les cas où la détermination du sexe est difficile (enfants intersexes). Cependant, de plus en plus de personnes se rendent compte qu’elles n’entrent pas dans les catégories standardisées « homme » et« femme ». Notre société commence à accepter de plus en plus la diversité des genres. Cependant, on est souvent obligé d’indiquer son sexe officiel, par exemple sur des formulaires. Est-ce que mon sexe officiel joue vraiment un rôle quand je voudrais juste faire une demande en ligne ou passer une commande pour un livre ? De nombreux-ses lecteur-rice-s pourraient objecter que cela ne les concerne pas, car ils et elles peuvent déclarer leur genre sans y réfléchir. Mais que faire si votre genre ne fait même pas partie des options ? Que peut cocher une personne non-binaire si homme ou femme ne s’ap- plique pas ?

Heureusement, il y a de plus en plus souvent la possibilité de choisir au moins l’option « autre », s’il est absolument nécessaire de cocher quelque chose. Mais cela conduit-il vraiment à la reconnaissance des personnes qui n’appartiennent à aucun des deux genres définis par la norme ? En fait, nous devrions changer totalement de point de vue : est-il vraiment nécessaire que les gens aient un sexe officiel aux yeux de l’État ? Actuellement, il n’y a que deux raisons à cela en Suisse : l’âge de la retraite et le service militaire obligatoire. N’est-il pas temps d’y penser aussi et de créer des conditions fondamen- talement justes et équitables pour tou-te-x-s ?

L’année dernière, la Commission nationale d’éthique a présenté un rapport sur la question de savoir si la Suisse ne devrait pas introduire une autre catégorie de sexe officiel. Elle a conclu qu’une nouvelle possibilité d’inscription telle que « divers » serait impor- tante pour la visibilité d’autres genres que « femme » et « homme ». Le rapport conclut cependant qu’à long terme, il serait plus logique d’éliminer complètement l’enregistrement officiel du sexe. Des voix non binaires le réclament également : si elles avaient à choisir entre l’introduction d’une troisième catégorie sexuelle et l’absence totale d’enregistrement du sexe officiel, elles seraient clairement en faveur de la seconde solution. Le genre sous lequel nous nous présentons dans la vie quotidienne est de toute façon une affaire privée. Pourquoi devrait-il être enregistré par l’État et pourquoi doit-il être indiqué sur les certificats de naissance et les cartes d’identité ?

Texte : Henry Hohmann
Traduction : Jonas Meyer-Glitza