De la prison ferme pour incitation à la haine homophobe

En octobre 2021, les associations LOS, Pink Cross, Vogay et Lilith dénonçaient pénalement Alain Soral pour ses propos tenus à l’encontre de la journaliste Cathy Macherel dans une vidéo diffusée sur plusieurs sites. Le ministère public du canton de Vaud a statué hier sur le dossier et le verdict est sans appel : Alain Soral est reconnu coupable de diffamation et d’incitation à la haine, et condamné à trois mois de prison ferme ainsi qu’à une amende. L’entier des frais judiciaires lui sont également mis à charge. Les organisations queer saluent cette décision qui représente une grande victoire dans la lutte contre l’homophobie en Suisse !

Acceptée largement en votation en février 2020 et entrée en vigueur depuis juillet 2020, l’extension de la norme pénale anti-discrimination (art. 261bis du code pénal) à l’homophobie porte ses premiers fruits. En septembre 2021, suite à un article de la journaliste Cathy Macherel, Alain Soral avait tenu des propos dénigrants à l’égard de la journaliste, ouvertement lesbienne, et de l’ensemble de la communauté queer. Ces propos avaient fait l’objet d’une plainte de la part de Cathy Macherel ainsi que d’une dénonciation des associations LOS, Pink Cross, Vogay et Lilith pour incitation à la haine.

Le ministère public du canton de Vaud s’est saisi du dossier - par son procureur général - et a reconnu lundi 4 avril Alain Soral coupable de diffamation et d’incitation à la haine, le condamnant à une amende ainsi qu’à trois mois de prison ferme. “Nous saluons la décision du Ministère public du canton de Vaud. De telles incitations à la haine dans l’espace public contribuent à un climat d’insécurité et de danger pour toutes les personnes queer, et leur condamnation ferme est un signal fort contre la haine !” commente Muriel Waeger, co-directrice de la LOS.

Pink Cross se montre aussi satisfait du verdict. “Avec cette décision, le ministère public du Canton de Vaud montre une voie claire : la haine contre les personnes queer n’a plus sa place en Suisse, que ce soit sur internet ou dans les médias. Cette condamnation aidera aussi d’autres personnes queer à dénoncer les discours dénigrants.” souligne Gaé Colussi, responsable de Pink Cross pour la Suisse romande.

Vogay, par la voix de sa co-secrétaire générale Emmanuelle Anex, “est soulagée par  l’application de cette nouvelle loi qui est essentielle pour lutter contre les discours haineux et les préjudices qui en découlent. Son importance soulève à nouveau la question de l’élargissement de cette loi à l’identité de genre.”

La décision peut faire l’objet d’une opposition de la part d’Alain Soral dans les dix jours, en quel cas l’affaire serait formellement portée par-devant les tribunaux.